"Ce matin, 25 septembre 2020, je me réveille, je me prépare et je prends la route pour le grand phare de Gouphar, à Belle-Île en mer, l’île où j’habite.. Il fait plutôt froid et il y a beaucoup de vent.
On installe notre QG, les bancs, les tables, le barnum… pour lancer notre Classe Dehors. Après que le barnum a failli se retourner plusieurs fois, le programme de la journée a pu nous être expliqué par Mme Urbain, la prof d’arts plastiques et par Mme Le Berre, la prof de musique. Nous avons des missions à réaliser au cours de la journée : des activités en art, en musique, en mathématiques, en technologie, en histoire, en français… On nous distribue notre « Carnet du Phare », un petit cahier rouge ou gris qui nous suivra pendant toute l’année.
Le groupe est divisé en deux : certains visitent le phare pendant que les autres font de la musique ou de l’art plastique.
Nous rencontrons Yffic, l’un des gardiens du phare. La visite dure une heure mais je ne vois pas le temps passer, c’est très intéressant. A la marche 30, Yffic nous raconte que la salle où se reposaient les gardiens pendant leurs roulements est appelé le salon d’honneur. Nous faisons peut-être trop les sportifs en courant pour monter car à la quatre-vingtième marche on commence à entendre les premières : « Il reste combien de marches ? ». Yffic et Marine nous expliquent quelques « trucs » sur le phare comme la fréquence des signaux : 3-7-3, deux rayons. Yffic nous parle aussi de ses nuits passées à surveiller la lumière et de l’utilité des phares de côte. Nous posons des questions sur les énergies du phare, l’automatisation (pour le cours de SVT et de techno…). Dans une des salles, on chuchote et la personne à l’autre bout nous entend. Le matin, on ne peut pas monter sur la passerelle du phare car c’est la tempête et on risque de s’envoler. Lorsqu’on peut y monter, j’ai trop peur de faire le tour à cause du vent, mais le paysage est incroyable. Au sommet du phare, nous apercevons la plage de Vazen, les grands hôtels, Kervilahouen et les champs. Je vais vous faire deux confidences : 1, dans le phare, il y a beaucoup de marches. 2, le phare, c’est haut !
La visite finie, nous nous lançons dans un projet d’enregistrement d’ambiances sonores. On utilise une sorte de magnétophone pour capter les bruits du phare. On travaille sur les sons naturels et les mouvements des éléments immatériels qui bougent grâce au vent. Certains par exemple enregistrent des sons de feuilles mortes emportées par le vent, d’autres des bruits d’eau…
En art plastique, on doit prendre des vidéos d’objets qui bougent avec le vent et des photos du paysage (nous aurions pu prendre des moutons en photos) avec nos tablettes.
Monsieur Husson arrive. Nous allons calculer la hauteur du phare. Nous la connaissons déjà, certes, mais en bons mathématiciens qui se respectent, nous devons vérifier et ça, grâce au théorème de Thalès. Il faut mesurer l’ombre, la comparer à celle d’un bâton… Mais, manque de bol, il n’y a pas d’ombre !
Après le repas (et le combat avec une guêpe), les « Enfants du phare », Jeannie, Gisèle et Monsieur Querel viennent nous raconter leur bon vieux temps au phare ou à Kervilahouen. Ce moment est vraiment très intéressant, tout le monde est attentif. Ils nous racontent des anecdotes, des souvenirs, lorsqu’ils étaient jeunes. Gisèle nous montre aussi des photos de classe quand elle était à l’école de Kervilahouen. « Quand j’étais petite, j’amenais en pyjama (avec des chiens dessus !) le dîner de mon papa qui était au phare ». Elle montait toutes les marches ! Jeannie nous raconte la sorcière de Kervilahouen, c’est très drôle. Elle nous parle du « Chocolat trempé », un chocolat chaud avec des bouts de pain dedans, servi aux écoliers qui habitaient trop loin de chez eux pour rentrer manger. Une anecdote marquante, c’est lorsque le cousin de Jeannie a dévalé l’escalier du grand phare à vélo . Elle est trop mignonne. Son meilleur souvenir reste celui de la fin de la guerre. Moniseur Querel nous raconte des histoires de sourciers qui avait détecté des sources sur son terrain . Chacun se souvient de la fête de la brioche le 1er avril, car le boulanger faisait des brioches mémorables et uniques ! Une anecdote m’interpelle : les nuits sans lune ou par temps de brume, les oiseaux migrateurs s’écrasaient sur les parois du phare à cause de la lumière aveuglante de sa lentille. Ils mouraient en grand nombre.
Puis, lorsqu’ils nous quittent, nous nous remettons tous au travail dans la joie et la bonne humeur. Nous passons du français à la musique. C’est vraiment top.
Mme Dubreuil, nous demande de raconter une journée dans la peau d’un objet du phare et de nous intégrer à lui. Je me mets dans la peau de l’antenne la plus haute du phare. Une autre élève dans la peau d’une cloche qui protège un chou, un autre choisit la marche 75 du phare ou le lit-clos… Puis, après, nous devons faire de la musique avec notre objet choisi, le crier, le chanter, le chuchoter, bref, jouer avec nos voix.
A la fin de la journée, on a droit à la surprise du chef ! Mme Le Berre et Mme Dubreuil nous demandent de jouer au roi du silence et de monter jusqu’à la marche 90 du phare. Chacun s’assoit sur une marche dans le fût. On doit fermer les yeux et ouvrir les oreilles très grand pour entendre une musique qui pénètre en nous. Ce moment est vraiment magique. C’est magnifique ! Puis la voix nous dit d’ouvrir encore plus grand nos oreilles et le coeur en plus pour entendre la musique envoûtante. C’est Mme Le Berre qui joue cette musique à l’accordéon. Nous montons ensuite à la pièce du lit-clos et Mme urbain nous raconte l’histoire du monde tout juste créé, de son secret et des dieux qui ne faisaient pas confiance aux hommes…
Le soir, on a attend qu’il fasse nuit pour que les faisceaux de lumière s’allument. Au début leurs couleurs sont très spéciales, puis, petit à petit, ils deviennent normaux. C’est très reposant, on a posé des couvertures sur le sol, comme un tapis géant, on s’installe très confortablement et on écoute une nouvelle histoire. Le meilleur c’est le soir, c’est comme si on nous avait donné un sérum pour nous faire rire, mais pendant longtemps.
21 heures et 25 minutes, mon père vient me chercher. C’était une journée agréable et formidable, vraiment bien, aussi drôle qu’enrichissante. J’ai adoré, j’ai vraiment hâte à notre prochaine sortie au phare. C’était génial !"
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